venerdì 4 giugno 2010

Charles Baudelaire - Hymne à la beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,

Ô Beauté! ton regard, infernal et divin,

Verse confusément le bienfait et le crime,

Et l'on peut pour cela te comparer au vin.


Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore;

Tu répands des parfums comme un soir orageux;

Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore

Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.


Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres?

Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;

Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,

Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.


Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;

De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,

Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,

Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.


L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,

Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau!

L'amoureux pantelant incliné sur sa belle

A l'air d'un moribond caressant son tombeau.


Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,

Ô Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu!

Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte

D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu?


De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène,

Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,

Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! -

L'univers moins hideux et les instants moins lourds?


Inno alla bellezza


Vieni dal cielo profondo, o esci dall`abisso,

Bellezza? Il tuo sguardo, divino e infernale,

dispensa alla rinfusa il sollievo e il crimine,

ed in questo puoi esse paragonata al vino.


Racchiudi nel tuo occhio il tramonto e l`aurora;

profumi l`aria come sera tempestosa;

i tuoi baci sono un filtro e la tua bocca un`anfora

che fanno vile l`eroe e il bimbo coraggioso.


Esci dal nero baratro o discendi dagli astri?

Il destino irretito segue la tua gonna

come un cane; semini a caso gioia e disastri,

e governi ogni cosa e di nulla rispondi.


Cammini sui cadaveri, o Bellezza, schernendoli,

dei tuoi gioielli l`Orrore non è meno attraente,

e l`Assassinio, in mezzo ai tuoi più cari ciondoli

sul tuo ventre orgoglioso danza amorosamente.


Verso di te, candela, la falena abbagliata

crepita e arde dicendo: Benedetta la fiamma!

L`innamorato ansante piegato sull`amata

pare un moribondo che accarezza la tomba.


Che tu venga dal cielo o dall`inferno, che importa,

Bellezza, mostro enorme, spaventoso, ingenuo!

se i tuoi occhi, il sorriso, il piede m`aprono la porta

di un infinito che amo e che non ho mai conosciuto?


Da Satana a Dio, che importa? Angelo o Sirena,

se tu ci rendi, fata dagli occhi di velluto,

ritmo, profumo, luce, mia unica regina!

l`universo meno odioso, meno pesante il minuto?

Nessun commento:

Posta un commento