LA BADIA CORALE VAL CHISONE

 

QUI EST-ELLE?

 

 

         C’est une société musicale sans but lucratif, qui se consacre à la redécouverte et au maintien du répertoire traditionnel de chansons des vallées et de la campagne autour de Pignerol (Pinerolo), ville situé à une quarantaine de km au Sud-ouest de Turin, là où le Val Cluson (Val Chisone) et le Val Pélis  (Val Pellice) débouchent dans la plaine.

 

QUAND, COMMENT ET POURQUOI EST-ELLE NÉE 

 

         Elle a été fondée à Pignerol en 1967, au sein de l’association d’alpinisme «Giovane Montagna»; elle s’en est ensuite détachée  et a pris le nom de «Badia Corale di Val Chisone». Ce nom est emprunté aux anciennes « badie », des associations de jeunes gens nées au Moyen Age avec des finalités de défense et d’organisation de fêtes. Le changement de nom marque aussi un changement radical de répertoire de la chorale qui, abandonnant les chansons montagnardes de la région de Trente, se concentre sur les chansons de la tradition populaire locale des vallées et de la plaine autour de Pignerol (Val Cluson, Val Pélis  et Val Saint-Martin ou Germanasca): des chansons pour la plupart inédites, recueillies de la vive voix de témoins habitant ces contrées.

         La chorale, qui à l’origine était exclusivement masculine, ressentit bientôt  le besoin de s’enrichir de la précieuse contribution des voix féminines, permettant de compléter par leur timbre délicat la gamme sonore de le musicalité populaire locale.

 

 

 

 

CE QU’ELLE PROPOSE AU PUBLIC

 

         La «Badia Corale Val Chisone» s’est donné le but de rechercher, conserver et faire redécouvrir au public le patrimoine musical des vallées de la région de Pignerol. Au fil des ans un grand nombre de chansons ont été recueillies et enregistrées de la vice voix des habitants de la région, dont la culture prend forme en utilisant trois différentes expressions linguistiques: l’occitan ou langue d’oc dont relèvent les patois locaux, le français, introduit au XVIème siècle et qui est la langue typique et prédominante de la complainte vaudoise, et le piémontais, langue de la campagne subalpine, parlée également dans les basses vallées.

          Cette méthode de recherche sur le champ auprès de témoins vivants se double de la recherche d’anciens manuscrits, les « cahiers », qui se traduit dans un travail de collection d’archives et permet de comparer les textes des chansons dans leur différentes versions  et par rapport aux documents similaires consultés dans plusieurs archives et bibliothèques (Pignerol, Ivrea, Turin, Briançon, Gap, Grenoble, Paris).

 

         A cette tâche  de recherche et collection fait suite le travail de transcription et d’harmonisation et arrangement des morceaux choisis. L’arrangement pour  chœur s’inspire à des critères de fidélité rigoureuse à l’esprit des chansons originales, tout en y apportant  les aménagements indispensables à l’exécution chorale. Cette activité de recherche, transcription et arrangement musical a permis de réunir au fil des ans un répertoire varié qui va des complaintes du seizième siècle aux chansons historiques en langue  française, aux chansons narratives en langue occitane du XIXème , jusqu’aux chansons plus récentes de la plaine piémontaise.

         Dans son activité de recherche, redécouverte et proposition au public des chansons de la tradition populaire, la «Badia Corale Val Chisone» se tient fermement à la conviction – qui est le fruit de ses réflexions, études et confrontations – que la « chanson populaire »   est un patrimoine musical  qui est né dans un groupe ethnique donné, est nourri par sa culture propre et a pour finalité la vie des communautés qui en assurent la transmission. C’est pour cela que la «Badia Corale Val Chisone» a choisi de ne pas présenter son répertoire sous l’étiquette réductive de « chanson populaire» , mais préfère parler plus simplement  de recueil de mélodies populaires redécouvertes et reproposées dans le temps. Les chansons ainsi offertes au public ont donc subi un arrangement pour les besoins de l’exécution et sont filtrées par la culture urbaine des membres de la chorale, qui aiment à les chanter car ses chants nous aident à ne pas oublier les racines dont nous sommes issus. Le répertoire s’est récemment enrichi de quelques mélodies nouvelles, nées au sein de la chorale elle-même,  en tant qu’expression de notre vie quotidienne et du temps que nous vivons aujourd’hui.

 

 

LA PRESENTATION

 

La «Badia Corale Val Chisone» se propose au public dans des compositions différentes (groupe mixte, groupe masculin, groupe féminin) qui se prêtent le mieux  à représenter un répertoire aussi varié, lui offrant ainsi une grande possibilité de variations. Le groupe choral à voix mixtes exécute des chants à quatre voix ou plus, le groupe masculin des chants à l’unisson ou à plusieurs voix, généralement sur des thèmes historiques et militaires, religieux et satiriques, tandis que la chorale féminine propose des mélodies plus délicates exécutées généralement à deux voix ou plus.

 

 

 

         Pour rendre visible et concrète leur volonté de faire redécouvrir les traditions, les choristes ont fait le choix de se présenter au public habillés toujours des costumes de leur vallées. Une particularité qui différencie la «Badia Corale Val Chisone» d’autres chorales piémontaises ou non  c’est donc cette décision, prise dès les années ’70, de revêtir le costume local dans les représentations publiques. Ce choix traduit la volonté de présenter et proposer le costume non pas comme un simple fait de folklore local, mais en tant que témoignage d’une manière de vivre, d’une culture et d’une tradition qui sont liées aux besognes, aux rigueurs, aux ouvrages et labeurs qui aux  siècles passés étaient le lot des gens de montagne dans leur existence

         Il incombe par statut aux choristes la responsabilité d’entretenir leurs costumes, en conservant en bon état  ces véritables pièces  anciennes rigoureusement originales qui sont les costumes des femmes, des œuvres d’un art dit pauvre, des pièces que la «Badia Corale Val Chisone» a pu acquérir peu à peu ou qui ont été léguées de mère en fille ou retrouvées  dans le coffre de la grand-mère soigneusement conservées, entourées de sachets de lavande parfumée... Ceci est vrai pour le costume féminin, puisque les femmes des hautes vallées du Val Cluson, Val Pélis et Val Saint-Martin se sont distinguées pendant des siècles par le port de costumes locaux riches en couleurs.

Le costume des hommes comprend :  une chemise, en chanvre tissé sur métier à main; des culottes – typiques du vêtement paysan et militaire du XVIIIe siècle – en drap du pays: une mode qui dans les Alpes a résisté longtemps avant de disparaître au XIXe siècle devant l’avancée des pantalons bourgeois; une veste-gilet en drap de laine – le même drap des culottes – tissé sur vieux métier: drap rêche presqu’indestructible, destiné a survivre à la peau même qu’il protège, drap bleu, de la même couleur des anciennes uniformes des troupes les plus fidèles de Piémont e Savoie.

 

LE REPERTOIRE

 

 

 

         Vaste et varié, le répertoire comprend plus de 200 chansons et s’enrichira encore grâce aux recherches récentes et aux nouveaux arrangements pour chœur. Sans prétendre fournir une classification exhaustive, tâche qui serait trop ardue, nous pouvons citer quelques thèmes récurrents  auxquels se rattache la plupart des chansons que nous proposons: la complainte, la farce, la guerre, l’amour, le Noël, la berceuse, la  cantilène ou comptine.

         Chaque morceau a été recueilli, récupéré, étudié et appris avec passion. Ce sont les fragments précieux d’un passé qui fait ainsi surface et revit dans le présent. Nous continuerons à travailler pour approfondir notre recherche afin que les mélodies anciennes  puissent encore être chantées et retrouvent un public désireux de les écouter. Notre répertoire accueille également des chansons plus « modernes », qui sont l’expression naturelle de l’imagination de nos poètes et musiciens.

 

LES DIRECTEURS

 

 

Au fil des ans, différentes personnalités, maîtres de musique et autres, se sont succédés à la direction de la «Badia Corale Val Chisone», en y apportant chacun sa précieuse contribution musicale et humaine et en établissant avec les choristes une relation de complicité et d’amitié, au-delà de l’apport didactique. Nous désirons les citer ici nommément: Pier Giorgio Bonino, Dario Castellano, Enzo Secondo, Guido Calliero et Renato Pizzardi. Depuis 1987 la «Badia Corale Val Chisone» peut également se prévaloir de l’accompagnement du guitariste maestro Giovanni Freiria.

 

 

   

Le directeur d’aujourd’hui est

 Guido Calliero.

 

 

LE MUSEE ET LA SECTION ETHNOPHONIQUE

 

         Dans le cadre des activités du Centre des Arts et Traditions populaires locales du musée ethnographique de Pignerol, qui réunit les témoignages matériels et culturels  de la tradition populaire de la région, une section ethnophonique a été ouverte en novembre 1999, fruit et prolongement des recherches entreprises par la «Badia Corale Val Chisone». La section ethnophonique a pour mission la sauvegarde du patrimoine local de chants et musique, pour offrir à tous les intéressés la possibilité de réécouter  de la voix des témoins les chansons du passé. Complaintes, berceuses, chansons d’amour et de guerre, fables musicales, petites histoires de la vie de tous les jours revivent grâce aux enregistrements gravés en 1967 par quelques-uns de nos membres fondateurs: une longue liste de chansons, véritable trésor culturel, populaire et humain qu’on a sauvé de l’oubli en évitant sa perte irréparable.

         Une des activités les plus importantes de la chorale est donc d’organiser, entretenir et renouveler périodiquement cette section du Musée, consacrée aux traditions de chant et musique des populations de la région de Pignerol.

         La salle du musée ethnographique consacrée à la section ethnophonique est dédiée à notre ami choriste Augusto Burlo, auteur du logo du « Galucio cantarin » (Le coq chanteur), image symbolique personnifiant le goût et le plaisir qui inspirent le désir de chanter