éditoriaux

Corps souffrant, corps politique

Corps souffrant, corps politique

Les questionnements actuels sur le genre, sur les rapports de domination, sur le handicap ou encore sur les situations de crise sanitaire invitent à reconsidérer les récits portant sur la violence physique, la douleur, la blessure et la maladie. Supervisée par Aurélien d'Avout et Yohann Deguin, la trente-et-unième livraison de la revue Fabula-LhT : littérature, histoire, théorie propose d’étudier les représentations du corps souffrant dans la littérature, lorsque celui-ci apparaît investi d’une valeur collective et politique. En effet, bien qu’éprouvée de manière intime dans le corps d’un sujet, la souffrance est aussi affaire de toutes et tous. Le sommaire accueille également un article en varia sur Antoine Volodine.

Comme à l'accoutumée, la revue des parutions Acta fabula adosse ce sommaire à un dossier de comptes rendus sur la même question des corps souffrants. Signalons au passage les nouveaux appels à contributions affichés par Acta fabula pour deux dossiers critiques respectivement consacrés au personnage historique en littérature, et à la Troisième république des Lettres au féminin.

(Illustr. : Egon Schiele, I Will Gladly Endure for Art and My Loved Ones, crayon et aquarelle sur papier, Vienne, Albertina Museum, 1912).

De nouvelles bucoliques

De nouvelles bucoliques

Après Valet noir. Vers une écologie du récit, Jean-Christophe Cavallin est monté à l'alpage pour rejoindre deux bergères : Violaine Bérot et Florence Debove. Tous trois ont entrepris d'écrire de nouvelles bucoliques, qui paraissent aujourd'hui aux éditions Wildproject sous le beau titre de Pastorales. Dans des montagnes transformées en promenoirs pour touristes épris de nature sauvage, une éleveuse et une bergère racontent à un visiteur leur quotidien façonné par la compagnie des bêtes. Leur chronique d’altitude ne chante pas la rêverie de la tradition bucolique, mais les gestes du pastoralisme et ses réalités rugueuses. Croisés aux proses du visiteur, les travaux et les jours de ces vies solitaires composent un chant de terrain sur le métier des bêtes et le métier d’écrire.

La France de Navarre

La France de Navarre

Un peu oublié aujourd'hui, Yves Navarre est l’un des auteurs les plus singuliers de la fin du XXe siècle. Prix Goncourt en 1980 pour Le Jardin d’acclimatation, il fut romancier, dramaturge, dialoguiste et côtoya le Tout-Paris des années 1970-1980. Vivant son homosexualité à visage découvert à une époque où elle demeurait souvent taboue, il fut également un ambassadeur du combat pour l’égalité des droits. Son Journai qui paraît chez Séguier est traversé par les figures de Marguerite Duras, Françoise Sagan, Roland Barthes et bien d’autres, fait revivre cette période d’effervescence. Les cahiers auxquels l’écrivain se confiait dépassent cependant la simple chronique : le style, la sensibilité et le panache qui s’y déploient sont les marques indélébiles des œuvres littéraires de premier rang. Au fil de cette écriture reconnaissable entre toutes se dessine l’autoportrait d’un homme à la mélancolie profonde, tout à la fois mondain et solitaire, brillant et énigmatique. Cette partie essentielle des écrits de Navarre demeurait jusqu’à ce jour inédite. Pour réparer cette injustice, Frédéric Andrau, fin connaisseur de l’œuvre de l’écrivain, a réuni dans ce volume les pages les plus envoûtantes de ses carnets. En guise d’introduction idéale, il signe par ailleurs une biographie de Navarre nourrie du témoignage de son entourage et de la fréquentation passionnée de ses livres.

La Pléiade dans la Pléiade

La Pléiade dans la Pléiade

C’est en 1547 que paraissent les premiers poèmes de Ronsard et de Du Bellay. En 1549-1550, Du Bellay publie La Deffence, et illustration de la Langue Francoyse, à la fois traité sur la langue et art poétique, et L’Olive, premier recueil de sonnets et de vers lyriques originaux en français. Ronsard donne le premier recueil d’Odes françaises. À Lyon, entre 1549 et 1552, voient le jour des volumes de poésie amoureuse dus à Pontus de Tyard et à son cousin Guillaume Des Autels, lequel prend en outre part aux débats sur les genres littéraires. 1552 et 1553 sont des années décisives, avec Les Amours de Ronsard, ceux de Baïf, la première tragédie française à l’antique, la Cleopatre captive de Jodelle, et le scandale des Folastries. Dans Le Cinqieme [Livre] des odes augmenté, Ronsard insère son élégie à Jean de La Péruse, dans laquelle il sélectionne sept poètes : lui-même, Du Bellay, Tyard, Baïf, Des Autels, Jodelle et La Péruse. Le mot "Pléiade" ne figure pas dans le texte, mais il apparaîtra bientôt, en 1556, ans une élégie de 1556 où Ronsard salue Belleau qui "vien[t] en la brigade / Des bons, pour acomplir la setiesme Pliade". La Pléiade entre aujourd'hui dans la collection de la Pléiade, dans une édition de Mireille Huchon.

Un roi et un oiseau

Un roi et un oiseau

Avec son ami Jacques Prévert, Paul Grimault a donné au cinéma français ses plus beaux dessins animés : Le Petit Soldat et Le Roi et l’Oiseau, tous deux tirés de contes d’Andersen. La grande affaire de sa vie, le film deux fois couronné dans deux versions différentes mais dont la dernière seule existait à ses yeux, est le long métrage sorti en 1980 : Le Roi et l’Oiseau (libre adaptation de La Bergère et le Ramoneur). Dans Le Roi et l'Oiseau. Voyage au cœur du chef-d'œuvre de Prévert et Grimault, un essai initialement paru en 2012 et opportunément réédité par les éditions Capricci, Jean-Pierre Pagliano raconte le destin mouvementé de ce chef-d’œuvre qui a inspiré les plus grands cinéastes d’animation japonais. De l’atelier de Paul Grimault, où l’on découvre toutes les phases de la création, à l’analyse du film et à sa réception critique, c’est une exploration approfondie de tous les aspects du Roi et l’Oiseau qui est menée dans ce livre riche d’inédits : documents de travail, notes du cinéaste, témoignages de ses collaborateurs. Dessins préparatoires, storyboards, décors, et bien sûr de nombreuses images du film, constituent en écho au texte une iconographie exceptionnelle.

Lisières de la fiction

Lisières de la fiction

Voyages imaginaires, utopies, histoires fantastiques, réécritures de romans médiévaux, récits de rêves, romans ésotériques  : ces différentes formes de fiction, qui prolifèrent au siècle des Lumières, ne sont pas la négation de la raison promue par les philosophes. Elles explorent les limites de la connaissance humaine du monde, elles examinent tout à la fois les composantes avérées du réel, l’univers régenté des croyances et des usages, la force déviante des préjugés et des présupposés, et les ressources de l’imagination face à l’inconnu ou à l’incompris. Dans Lisières des fictions à l'âge des Lumières qui paraît dans la collection "Fictions pensantes" des éditions Hermann, François Rosset montrent que ce sont des espaces de liberté et de jeu qui exhibent la position de la fiction : à la lisière, en relation constante, complexe et paradoxale avec le réel (ou ce qui est tenu pour tel), son examen, sa compréhension et ses représentations, en relation constante avec elle-même. Fabula vous invite à découvrir la table des matières de l'ouvrage et donne à lire lire son introduction…

Le théâtre de Nabokov

Le théâtre de Nabokov
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